Declaration des OSC parle des politiques, la paix, et les pertes post-recolte

Declaration des OSC parle des politiques, la paix, et les pertes post-recolte

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DÉCLARATION DES OSC À LA 31ème CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR L’AFRIQUE

Honorable Président, Excellences, Distingués délégués et observateurs, Mesdames et Messieurs

Nous, les 53 représentants des petits et moyens agriculteurs, des femmes et des jeunes ruraux, des pêcheurs, des travailleurs agricoles, des éleveurs, des pasteurs, des peuples autochtones, des coopératives, des consommateurs, des ONG, des OSC nationales, régionales et internationales provenant de 22 pays se sont réunis à Harare, Zimbabwe, du 25 au 27 février 2020 pour la consultation de la société civile à la 31ème conférence régionale de la FAO pour l’Afrique qui se tient du 23 au 27 mars 2020 à Victoria Falls.

Nous reconnaissons les efforts de la FAO pour soutenir cette opportunité pour la société civile de débattre collectivement de nos relations, de nos défis et de nos demandes et propositions envers la FAO et ses pays membres, ainsi que la possibilité de discuter des questions pertinentes à l’ordre du jour de la Conférence régionale.

Bien que nous regrettions l’absence de l’ordre du jour de la Conférence régionale africaine avant cette consultation, nous nous félicitons de l’espace pour débattre collectivement des initiatives en cours dans le commerce intra-africain de l’alimentation et de l’agriculture, de la construction de systèmes alimentaires et agricoles résilients dans le contexte du changement climatique, des conflits et du contexte socio-économique difficile, de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire, des innovations et des modèles agro-industriels inclusifs (et leur importance particulière pour les jeunes et les femmes), de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale, de la sécurité alimentaire et des défis nutritionnels, ainsi que les menaces et les opportunités du sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires en 2021 dans le cadre des espaces de politique alimentaire du CSA, du processus de décentralisation de la FAO et des efforts de la FAO en matière d’innovation et de numérisation des systèmes d’information sur la production alimentaire.

Malgré la volonté et les efforts de la FAO et des OSC engagées, la mise en œuvre efficace et durable, ainsi que le suivi et l’évaluation des recommandations issues des consultations des OSC de la FAO restent pour nous une préoccupation importante.

Tout en regrettant que seulement 19 des 54 pays africains aient des comités nationaux (à divers degrés de maturité), nous célébrons également les efforts communs des OSC, des organisations des Nations Unies et des gouvernements pour élaborer collectivement le Plan d’action mondial pour la Décennie de l’agriculture familiale, ainsi comme les nouveaux efforts régionaux et nationaux pour initier le développement démocratique des comités nationaux et des plans d’action aux niveaux national et régional.

Cependant, nous notons la persistance ou l’émergence de certains défis qui menacent les espoirs engagés par les initiatives en cours :

  • Aucun développement positif significatif n’a été observé dans les efforts de nos gouvernements pour répondre aux actions politiques contradictoires (y compris les accords de libre-échange et de partenariat économique) qui entravent encore les efforts positifs entrepris par les gouvernements eux-mêmes, les OSC et les groupes d’intérêt pour améliorer les moyens de subsistance de nos circonscriptions et continuent de dégrader notre nature et nos ressources naturelles.
  • La grande majorité des directives volontaires approuvées par les gouvernements africains dans les sphères internationales ne sont pas domestiquées et mises en œuvre au niveau national.
  • Le gaspillage alimentaire et les pertes après récolte, ainsi que le manque d’infrastructures appropriées (irrigation, transport, marchés, stockage stratégique et autres) continuent d’avoir un impact négatif sur la production et la productivité du système d’approvisionnement alimentaire, ainsi que d’entraver gravement les efforts pour éliminer la faim et la malnutrition.
  • L’augmentation du nombre et de l’intensité des conflits armés (internes et transfrontaliers, y compris le terrorisme organisé) et le manque de capacité de nos gouvernements à les arrêter de manière holistique et efficace, dévastent les territoires et les moyens de subsistance de nos communautés rurales, alimentant les déplacements forcés et les migrations des populations, vider les zones rurales et causer des traumatismes et des difficultés inimaginables aux femmes, aux jeunes et aux enfants.
  • La faim et la malnutrition continuent d’être endémiques en Afrique. Bien que les gouvernements aient largement reconnu le droit à l’alimentation et à la nutrition, la plupart d’entre eux n’ont pas pris de mesures sérieuses et cohérentes pour intérioriser ces droits dans leurs constitutions et législations nationales.

À ce titre, et à la suite de nos discussions au cours des trois jours de consultation de la société civile, nous demandons à nos gouvernements d’agir par rapport à ce qui suit :

1. Mettre en œuvre la documentation du protocole, comme le certificat d’origine et la libre circulation des personnes, des biens et des services, en particulier des zones de libre-échange et des zones transfrontalières. En outre, ces protocoles doivent être rendus publics et largement disponibles dans les différentes langues locales africaines.

2. Promouvoir des débats et des discussions ouverts et inclusifs sur l’AFTDA, qui prennent vraiment à cœur les préoccupations et les considérations de la société civile et d’autres acteurs clés.

3. Élaborer et maintenir des politiques et des processus progressifs et inclusifs afin d’assurer la participation active des acteurs, en particulier des petits producteurs d’aliments et des consommateurs à la formulation, à la mise en œuvre et au suivi des politiques pertinentes les concernant.

4. Créer un équilibre entre les échanges intra-pays et les échanges interpays qui protègent et profitent clairement aux économies et aux marchés locaux en premier, y compris les politiques publiques qui favorisent et protègent la consommation de produits locaux, y compris les programmes de passation des marchés publics.

5. Travailler en partenariat avec les organisations nationales et sous-nationale de producteurs pour l’élaboration et/ou l’amélioration des programmes publics d’approvisionnement destinés aux producteurs alimentaires locaux ;

6. Introduire l’agriculture et la production alimentaire aux enfants dans le système éducatif dès leur plus jeune âge. Il est crucial que cela se fasse sur la base d’exemples positifs et d’expériences de travail dans les domaines.

7. Adopter une vision de partenariats public-privé-paysan à travers différents aspects de l’économie nationale et de la vie sociale et du bien-être.

8. Concevoir des politiques et des recherches spécifiques en matière de résilience climatique pour les différents secteurs de la production alimentaire, qui respectent, intègrent, intensifient les connaissances et la sagesse locales et autochtones, y compris la protection et l’amélioration participative des ressources génétiques indigènes, des filets de sécurité efficaces pour les producteurs d’aliments, et d’autres.

9. Élaborer inclusivement des stratégies à moyen et à long terme visant à des innovations essentielles pour aller vers un système alimentaire propre, sain, respectueux de l’environnement et exempt d’agrotoxiques, fortement défendu par les centres de recherche publics.

10. Les producteurs d’aliments sont innovateurs par leur nature et leur nécessité. L’introduction de nouvelles innovations et technologies doit être fondée sur les exigences de ceux qui sont directement impliqués dans la production alimentaire à petite échelle, en s’appuyant sur les connaissances et la sagesse locales et autochtones, en intensifiant les meilleures pratiques et les exemples existants dans les collaborations Sud-Sud.

11. L’harmonisation des observatoires existants sur l’agriculture familiale et l’expansion des expériences positives dans toutes les sous-régions africaines afin de permettre une collecte et une analyse adéquates des données sur l’état de la production alimentaire à petite échelle en Afrique.

12. Créer et sécuriser des couloirs à l’intérieur et au-delà des frontières pour la circulation sécurisée des pasteurs transhumants, avec des services de santé et d’éducation appropriés.

13. Les pays devraient de toute urgence respecter leur engagement à assurer la propriété des terres et d’autres ressources naturelles des producteurs alimentaires, tels que la Déclaration des Nations Unies sur les droits paysans (UNDROP), les Cadres d’évaluation de la gouvernance foncière et les lignes directrices volontaires de la FAO sur la pêche, la stratégie de pêche à l’Union Africaine, la Déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones et assurer une intégration harmonieuse de ces cadres pour une mise en œuvre efficace,

14. Ratifier la Déclaration des Nations Unies sur les droits paysans (l’UNDROP) dans des cadres juridiques nationaux (y compris leurs contributions déterminées à l’échelle nationale aux efforts mondiaux), et être des chefs de file dans la sensibilisation de leurs parlementaires sur le même.

15. Impliquer les pêcheurs à petite échelle dans la cogestion des plans de gestion d’eau transnationale, en particulier les plans de gestion d’eau intérieurs et les grands lacs.

16. Soutenir la création d’emplois dans les zones rurales grâce à un tourisme communautaire, inclusif et respectueux de l’environnement,

17. Créer des espaces ouverts et significatifs pour la pleine participation des producteurs d’aliments au Sommet des systèmes alimentaires des Nations Unies de 2021, et faire en sorte que le Sommet soit fortement encadré et que le processus du CFS soit la plate-forme mondiale la plus importante et inclusive du Sommet sur l’alimentation et consacrer une session plénière du prochain CSA à un débat ouvert et inclusif sur le Sommet.

18. Tenir compte de la mise en œuvre des plans d’action nationaux de la décennie de l’agriculture familiale dans le cadre des programmes et des projets publics.

En outre, nous demandons vivement à la FAO de ce qui suit :

1. Continuer à être un acteur clé dans la vulgarisation des voies existantes et nouvelles de mobilisation des ressources découlant des agences des Nations Unies et des programmes de financement connexes, tels que les nouveaux mécanismes du FIDA sur le Changement Climatique.

2. Mettre l’accent sur le renforcement des capacités des jeunes et des femmes dans les secteurs de la production alimentaire et offrir un soutien technique sur le traitement et le développement de bonnes pratiques.

3. Soutenir techniquement la création et le fonctionnement d’un secrétariat permanent pour les consultations de la FAO sur les CSO, en vue d’évaluer de manière significative les progrès des recommandations des CSO, de partager des informations et des connaissances pertinentes entre les organisations de producteurs et le soutien au Comité de pilotage dans la préparation des consultations régionales.

4. Les bureaux nationaux et régionaux de la FAO doivent de toute urgence assumer leurs responsabilités vis-à-vis de la mise en œuvre de la décennie de l’agriculture familiale, tout en assurant la participation inclusive de la société civile et le soutien aux comités nationaux d’agriculture familiale. La FAO devrait créer des mécanismes de responsabilisation ouverts pour faire respecter cette situation et rectifier les comportements au besoin.

5. Poursuivre et intensifier le soutien à l’expansion de la capacité des femmes et des jeunes sur les questions foncières et la transformation des aliments dans les différents secteurs.

6. Établir un contact avec le FIDA pour le financement de l’entrepreneuriat jeunesse dans les secteurs agro-pastoraux.

Nous appelons la FAO et nos gouvernements à :
1. Assurer des dialogues inclusifs et nationaux avec les OSC avant le sommet sur le système alimentaire de 2021,

2. Prendre des mesures décisives pour encourager les jeunes à rester connectés aux systèmes alimentaires locaux et à favoriser le respect de la production alimentaire locale.

3. Intégrer la Déclaration des droits paysans transversalement dans des programmes,

4. Accélérer le processus de mise en œuvre des programmes de transformation agricole en Afrique, menés par les connaissances et le savoir-faire en matière d’innovation des petits producteurs alimentaires, afin de faire de la production alimentaire à petite échelle un secteur prometteur en termes de qualité et de pour la gestion de nos ressources naturelles.

Enfin, nous nous engageons à :
5. Collaborer avec nos gouvernements pour socialiser l’information politique pertinente à nos circonscriptions dans les langues locales africaines appropriées ;

6. Jouer un rôle actif dans la promotion des marchés locaux, pour partager et capitaliser les expériences positives développées par nos organisations et nos groupes.

7. Continuer à promouvoir et plaider en faveur de modèles agricoles véritablement durables et résilients de production et de consommation alimentaires, y compris l’agroécologie et les systèmes de semences gérés par les agriculteurs, l’agroforesterie, la pêche durable, les meilleures pratiques pastorales et l’intégration systèmes de production alimentaire.

8. Continuer de travailler avec les gouvernements pour renforcer la capacité des producteurs aliments à répondre constamment aux demandes des marchés locaux et nationaux.

9. Être des acteurs actifs dans le rehaussement de la dignité des producteurs d’aliments, y compris leur vision d’eux-mêmes en tant que membres productifs et précieux de leurs sociétés et nations.
10. Travailler constamment pour continuer à transformer à promouvoir les femmes et les jeunes dans nos ménages ruraux et urbains vers des rôles qui augmentent leur estime de soi qui garantissent que la liberté choisit des carrières, la profession et le mode de vie.

11. Travailler collectivement au sein de nos réseaux et circonscriptions pour interpréter et socialiser la Déclaration des droits paysans dans le plus grand nombre possible de langues africaines afin de s’assurer qu’elle soit connue et comprise dans tous les coins de l’Afrique ; et d’utiliser comme une occasion de développer collectivement des solutions à nos défis communs et spécifiques,

12. Se mobiliser pour bien comprendre la décennie de l’Agriculture familiale, ses programmes, ses plans d’action et les possibilités qu’elle offre pour l’amélioration de nos plans et stratégies développés de façon autonome ; articuler et co-créer des comités nationaux pour la mise en œuvre de la Décennie ; et jouer un rôle actif dans l’information et la communication autour.

Mesdames et Messieurs, nous reconnaissons une fois de plus les efforts et les initiatives de toutes les parties concernées qui ouvrent les portes du dialogue et de l’analyse et de l’action des politiques collectives, en particulier en ce qui concerne la planification de la prochaine biennale de la coopération de la FAO avec notre États africains.

Au nom des organisations représentées à la Consultation des OSC, nous espérons que nos analyses, demandes et propositions sincères seront bien accueillies par vous et vos équipes, et nous resterons disponibles pour des collaborations plus concrètes avec vous pour les périodes à venir.

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